La vie des saints et les exigences du Royaume de Dieu
« Nous donc aussi, puisque nous sommes entourés d'une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l'épreuve qui nous est proposée. Faisons-le en gardant les regards sur Jésus, qui fait naître la foi et la mène à la perfection. En échange de la joie qui lui était réservée, il a souffert la croix en méprisant la honte qui s’y attachait et Il s’est assis à la droite du trône de Dieu » (Hébreux 12, 1-2). L'Épître aux Hébreux de St. Paul, lue le dimanche de Tous les Saints, nous raconte le chemin de la foi dans l'Église jusqu'à la rencontre avec le Christ et nous présente les saints comme des exemples vivants de cette voie. Les chrétiens, pour réaliser l'appel et la vocation qu'ils ont reçus, doivent suivre le chemin du Christ qui commence et parfait tous les choses de la foi. Les saints sont la pleine preuve et la nuée de témoignages qui nous montrent la fidélité et l’action de Dieu à travers son Fils en regard du plan de salut de l'homme. Mais ce chemin ne peut être fait qu'en assumant et en passant par l'expérience de la croix du Christ qui a ouvert et ouvre le chemin du salut pour chaque homme. De cette façon, les saints deviennent des modèles pour la communauté chrétienne. Le modèle qu'ils ont suivi et les moyens par lesquels les saints se sont aidés à atteindre l'accomplissement du chemin de la foi et donc du salut, c'était Christ parce qu'Il est le fondateur de la foi.
« Comme dans tous les arts et les jeux, - dit St. Jean Chrysostome - nous imprimons l'art dans notre esprit en regardant nos maîtres, en recevant certaines règles à travers notre vue, donc ici aussi, si nous voulons courir et apprendre à bien courir, regardons le Christ, ce Jésus, ‘l'auteur et celui qui mené à la perfection notre foi.’ Qu'est-ce que cela signifie? Il a planté la foi en nous. Car Il a dit à ses disciples: ‘Vous ne m'avez pas choisi, mais je vous ai choisi.’ Paul dit aussi: ‘mais dois-je comprendre, comme j'ai été pleinement compris.’ Il a mis le commencement en nous; Il mettra également la fin. »[1] St. Jean Chrysostome montre que dans la vie chrétienne, comme dans tous les autres domaines, celui qui veut réaliser un idéal doit bien choisir ses modèles. Tout comme dans le domaine du sport sont des modèles choisis qui nous sont chers et incarnent l'idéal souhaité et sont également les meilleurs connaisseurs et enseignants dans le domaine choisi, de même dans la vie spirituelle, le modèle par excellence du chrétien est le Christ. Il incarne le mieux le modèle du chrétien dans l'Église. Le Christ n'est pas seulement un modèle à suivre, mais Il est Celui qui parfait ce voyage par la force de la grâce qu'Il accorde. Si les autres maîtres ne sont que des modèles et des conseillers dans le choix des pas à suivre, dans le cas de la vie chrétienne le Christ est le modèle et Celui qui inspire (les pas à franchir) mais c'est aussi Celui qui fait le don de
Sa grâce, en faisant possible la poursuite du chemin choisi. Dans le cas de la vie chrétienne, le Christ est le modèle de l'homme parfait. Le fondement initial est posé par le Christ par le Baptême, la Chrismation et la Communion et poursuivi tout au long de la vie par la croissance à travers les autres Saints Sacrements et bénédictions de l'Église qui opèrent selon la fermeté de notre foi. Il est aussi Celui qui nous accompagne sur ce chemin de croissance spirituelle et qui mène à bon port tout.
Les saints sont ce « nuage de témoignages » qui nous donne du courage et de la confiance dans l'œuvre de Dieu. Ils sont la preuve tangible de ce chemin spirituel.
Il y a trois exigences que Christ nous soumet comme conditions de notre entrée dans le royaume des cieux: (1) la confession; (2) l'amour; (3) porter la croix.
(1) Pour entrer dans le royaume de Dieu, nous avons besoin de confession: « C'est pourquoi, toute personne qui se déclarera publiquement pour Moi, Je me déclarerai moi aussi pour elle devant mon Père céleste; mais celui qui me reniera devant les hommes, Je le renierai moi aussi devant mon Père céleste. » (Matthieu 10, 32-33). La confession est un élément central de la vie chrétienne. Christ est Celui qui est venu témoigner dans la chair du Royaume des cieux, de l'œuvre de Dieu le Père et du Saint-Esprit. Il est venu pour rendre visible et sensible l'œuvre salvifique de Dieu parmi les hommes.
« Si quelqu’un ne le confesse pas (le Christ – n.t.) devant les autres, cela ne sert à rien de croire que le Christ est dans son cœur. Car il est impossible que celui qui nie de ses lèvres puisse croire en son cœur. Car la racine de la confession est la foi du cœur. La confession est donc le fruit de la foi. Tant que la racine est vivante, elle doit produire des branches ou des feuilles, et si la plante ne les produit pas, nous savons sans aucun doute que sa racine est flétrie dans le sol. De la même manière, tant que la foi du cœur est saine, elle sème toujours les graines de la confession avec les lèvres. Mais s'il n'y a pas de confession avec les lèvres, vous devez savoir hors de tout doute que la foi du cœur s'est déjà fanée. Car l'apôtre dit: ‘En effet, c'est avec le cœur que l'on croit et parvient à la justice, et c'est avec la bouche que l'on affirme une conviction et parvient au salut’ » (Romains 10, 10)[2] L'auteur anonyme voit très bien la relation entre le cœur ou l'esprit et la confession. Personne ne peut avouer ce qu'il ne croit pas ou n'a pas dans son cœur. L'image de la plante est l'expression la plus plastique du mécanisme humain de confession. Si vous croyez, vous parlez de ce que vous croyez. Si vous ne croyez pas, vous n'avez rien à dire. La confession vient de la conviction. Dans le cas des saints apôtres, ils ont été témoins de la résurrection du Christ et ont transmis cette conviction à travers la multitude de ceux qui ont cru jusqu'à ce jour.
Les saints sont ceux qui ont cru en Christ et l'ont confessé. Chaque saint par leurs paroles et leur vie a dirigé le regard des contemporains vers Dieu, la source de tout.
(2) Une deuxième exigence requise pour entrer dans le royaume de Dieu est l'amour: « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi” (Matthieu 10, 37). S'adressant au scribe qui était venu lui poser des questions sur le commandement le plus important, Jésus répondit: « Voici le premier: Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l'unique Seigneur; et: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là » (Marc 12, 29-31). Dans la version de St. Luc le scribe demande au Christ: « Maître, que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle? » (Luc 10, 25). Et St. Matthieu donne la conclusion du Sauveur: « Ces deux commandements contiennent la Loi et les prophètes » (Matthieu 22, 40). Nous voyons dans cet exemple que la centralité de tout ce qui se passe du point de vue de Dieu est tenue par l'amour. C'est lui qui manifeste la relation de l'homme avec Dieu et avec ses semblables. Les deux directions de l'amour sont différentes: l'une est dirigée verticalement vers Dieu et l'autre horizontale vers son prochain. Elles sont complémentaires mais pas égales ou symétriques. Elles reflètent la position incomparable de Dieu en tant que Créateur envers sa créature mais aussi la relation parfaite d'amour du prochain comme soi-même envisagée par Dieu et plantée en l'homme. St. Jean Chrysostome déclare l'asymétrie mais aussi la nécessité des deux directions de l'amour dans un de ses commentaires: « Il a dit cela pour amener les pères à une plus grande douceur et les enfants à une plus grande liberté, juste au moment où l'amour pourrait être le plus tenté de les entraver. Il demande aux parents de ne pas tenter ce qui est impossible en s’imaginant que leur amour de leurs enfants peut être comparé à juste titre avec leur amour envers Dieu. Il demande aux enfants de ne pas tenter ce qui est impossible en cherchant à rendre leur amour des parents plus grand que leur amour de Dieu.
(…) Ne comparez donc pas l'amour de Dieu simplement avec l'amour des parents, des frères et sœurs et de la femme. Si vous êtes sérieux, comparez-le avec l'amour pour votre vie même. Car rien ne vous est plus cher que votre vie. »[3] Cette perspective reflète l'ensemble de l'enseignement et de l'expérience bibliques basés sur une compréhension de la création de l'homme à l'image et à la ressemblance de Dieu. L'importance de la connexion avec Dieu est donnée par le fait que l'homme est créé à son image et à sa ressemblance. L'amour de Dieu découle naturellement de cet acte créateur de Dieu. L'image et la ressemblance de Dieu sont le fondement de la personne humaine. Ils sont « son ADN spirituel et humain ». Le développement humain de la conformité à leurs exigences spirituelles et humaines conduit à la croissance et au développement harmonieux de la personne conformément à la volonté de Dieu en tant que Créateur et fondement de tout. Cette volonté, placée par Dieu en chaque personne, est une vocation unique et irremplaçable qu'il a et peut développer au fil du temps. Le lien d'amour que l'homme établit avec Dieu de ce point de vue est irremplaçable.
(3) La troisième condition pour entrer dans le royaume des cieux est de suivre le Christ en portant la croix: « Et celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n'est pas digne de moi » (Mathieu 10, 38). Le Christ dit ailleurs: « Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5). Celui qui désire le royaume de Dieu n'a qu'une seule voie, celle de suivre le Christ. Car le salut n'est pas en notre pouvoir en tant qu'humains, mais est une œuvre de Dieu: « Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions » (Éphésiens 2, 8-10). Celui qui porte la croix de tous est Christ. La croix de chacun est la croix du Christ prolongée dans la vie de chacun. La grâce de la croix du Christ nourrit notre croix personnelle. Car le salut vient de la grâce ou du don du Christ reçu par la foi. Et les actes qui manifestent visiblement la foi invisible sont tous les fruits de la grâce qui irrigue, nourrit, fait croitre et parfait la vie qui les produit.
Il y a, comme le dit St. Paul, un choix de la foi. Le désir de salut, d'entrer dans le royaume de Dieu, est un choix de l'homme croyant.
« L'homme qui porte sa propre croix – dit l’auteur anonyme - est celui qui, si nécessaire, est prêt à faire face à n'importe quel danger pour Dieu, jusqu'à la mort et y compris, plutôt que d'abandonner le Christ. Il est prêt à souffrir chaque jour, à cause de son mode de vie. Même s'il ne souffre rien de aussi grave que la mort, il recevra toujours miséricorde. Car c'est l'intention qui est récompensée, pas l'acte. Les intentions viennent de notre libre choix, mais un acte n'est accompli que par la grâce de Dieu. ‘Celui qui trouve sa vie la perdra’ (Matthieu 10, 39). Il vaut mieux mourir pour Dieu et vivre éternellement que de vivre pour le bien des intérêts humains et de subir la mort éternelle. »[4] La croix est l'image du sacrifice suprême que le Christ a apporté pour nous les humains et pour notre salut. C'est l'élément qui caractérise le plus l'acte chrétien. Elle suppose assumer toutes les difficultés que l'on rencontre dans la réalisation du cheminement vers Dieu. La foi est ce qui guide l'action de l'homme. La foi maintient l'homme dans les paramètres authentiques et réels d'un choix dans un but salvifique. Ce n'est pas parce que, comme le dit l'auteur anonyme, le choix serait fructueux ou salvateur en soi, mais parce qu'il maintient la décision de l'homme dans les paramètres des paroles et des actes du Sauveur-Christ. De cette façon, la vie, les paroles et les actes de l'homme deviennent féconds au sens salvifique à cause de la grâce divine reçue. L'homme devient ainsi une source de fécondité spirituelle. L'acte porte ses fruits non pas parce que l'homme le fait porter du fruit, mais parce que Dieu le réalise, mais cela ne peut pas se produire sans la bonne collaboration et le bon choix que l'homme fait à cause de la foi. La foi est la boussole qui maintient l'homme en contact constant avec Dieu et l'aide à penser et à choisir ce qui est bon pour le salut.
Les saints ont accompli toutes les choses de Christ dans la mesure du possible afin qu’ils grandissent à l'image et à la ressemblance de Dieu. Ils ont réalisé dans la foi le modèle de l'homme que Dieu a contemplé depuis l'éternité. Ils sont notre mesure et notre miroir.
Le Christ Sauveur nous montre que rien n'est laissé sans être récompensé: « Pierre, prenant alors la parole, lui dit: Voici, nous avons tout quitté, et nous t'avons suivi; qu'en sera-t-il pour nous?
Jésus leur répondit: Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l'homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m'avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d'Israël. Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle. » (Mathieu 19, 27-29). Toutes les épreuves que nous faisons ici dans la vie terrestre seront récompensées par Dieu dans le royaume des cieux. Rien ne sera oublié par Dieu. Le travail fourni par Dieu avec ce monde et avec l'homme doit être accompli en toutes choses: « Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui supprimera l'un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. » (Mathieu 5, 18-19). Les saints sont nos modèles. Ils nous montrent que l'œuvre de Dieu peut être accomplie par l'homme avec l’aide puissant et constant de la foi et de la grâce divine.
Par la présence et la participation des saints apôtres au jugement final avec le Christ, ils deviennent une preuve vivante et concrète de la vie spirituelle à laquelle l'homme est destiné par Dieu depuis sa création. Il se pourrait qu’on reproche au Christ au jugement final en considérant les échecs des méchants que Lui étant le Fils de Dieu né sans péché, a le privilège de ne pas avoir de faiblesses pour tomber dans le péché comme tous les autres gens ordinaires. Les saints apôtres seront la preuve de ces réelles possibilités d'accomplissement du chemin spirituel par l'homme ordinaire. Les saints apôtres seront la véritable preuve contre les excuses qui pourraient ou seront invoquées pour le manque de foi et le péché.
« Vous leur répondrez: ‘Nous aussi, nous étions des hommes comme vous, ayant une âme similaire et la même nature charnelle, et nous vivions dans le même monde. Nous étions menacés par les mêmes cohortes des esprits du monde, aidées par les mêmes moyens de Dieu. De plus, vous aviez cet avantage sur nous: nous étions simples, des hommes modestes et pécheurs, et inconnu par les foules, alors que vous étiez prêtres, scribes et chefs du peuple. Nous, simples pécheurs rustiques, nous avons pu Le reconnaître. Vous, bien qu’étant prêtres et scribes, qui avaient les Écritures sous vos yeux comme des balises et des voies, auraient pu toujours Le reconnaître. Avant même d'assister à ses miracles, nous l'avons compris. Mais vous, même après avoir été témoin de tous ses manifestations de puissance, n’avaient pas pu Le comprendre? Comment se fait-il que presque toute la race humaine ignorait Celui que les Douze connaissait? Vous ne l'avez pas cru. Vous ne saviez pas qu'il était le Fils de Dieu. Qu'est-ce qui vous a fait le tuer alors que vous n'avez trouvé aucune faute en Lui? La bonne volonté de notre ignorance rustique a été en nous comme une lanterne. Mais en vous, la méchanceté de votre connaissance vous a enveloppé comme des ténèbres.’ »[5] Dans un dialogue imaginaire entre les saints apôtres et les docteurs de la Loi et les ancients du temple, le commentateur anonyme de Matthieu aborde la question de la connaissance du Christ et de Dieu en général. Si la simplicité des saints apôtres et leur peu d’instruction ne les ont pas empêchés de connaître Dieu, cela devrait être d'autant plus vrai de la capacité et des possibilités de connaître le Christ - Dieu pour les plus instruits et les plus formés. Les Écritures contenaient tous les éléments nécessaires et suffisants pour la connaissance du Christ en tant que Dieu, le temps de sa venue et sa mission. Les Écritures étaient un plus pour une connaissance plus facile, plus rapide et plus sûre du Fils de Dieu incarné; et pourtant cela ne s’est pas passé avec le plus initiés dans ces connaissances. Comment se fait-il que, face à ces « avantages » en faveur de la connaissance de Dieu qu'avaient les docteurs de la Loi et les anciens du temple, la reconnaissance de Lui par eux n’ait été pas eu lieu? Qu'est-ce qui fait que même s’ils ont eu les éléments utiles qui pouvaient leurs ouvrir la voie à la connaissance de Dieu dans Son Fils, cela ne s’est pas produit? La réponse nous est donnée par l'auteur anonyme. La bonne volonté d'une intelligence non sophistiquée a été comme la lumière d’une chandelle. La méchanceté de la connaissance a enveloppé comme l'obscurité l'esprit de ceux qui avaient une connaissance sophistiquée. Une connaissance encore pas suffisamment mure peut conduire à l'aveuglement de la vraie connaissance de Dieu. Il peut y avoir une contradiction entre la multitude des connaissances et la capacité de quelqu’un de vraiment connaître Dieu.
Nous pourrions étendre cette manière de comprendre les choses aux disciplines ou aux domaines qui parlent de la connaissance de ce monde et qui selon St. Paul et toute la pensée biblique et patristique manifestent toujours la présence et l'œuvre de Dieu: « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l'étendue manifeste l'œuvre de ses mains » (Psaumes 19, 1) et « Car ce qu'on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, Dieu le leur ayant fait connaître. En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l'œil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables, puisque ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces; mais ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres » (Romains 1, 19-21). Personne ne pouvait mieux synthétiser et exprimer cette présence de Dieu que St. Paul, qui avait lui-même d'abord une parfaite maîtrise rabbinique des connaissances sur l’Écriture puis une connaissance de la grâce issue de la rencontre révélatrice avec le Christ.
Revenant aux saints et à la connaissance de Dieu, nous pouvons dire qu'ils ont gardé leur pleine capacité de connaissance par la foi dans les paramètres des paroles, des actes et des œuvres de la grâce de Christ Dieu qui découlaient de la connaissance directe et immédiate et de la communion avec Dieu le Père et le Saint-Esprit. Par cela, tous les éléments de la connaissance humaine des saints ont été harmonisés avec la clarté rationnelle d'une compréhension authentique de ce monde à la lumière du Créateur Dieu. Les saints ont abandonné la connaissance matérielle pour recevoir la connaissance spirituelle. « Celui qui a renoncé aux choses charnelles pour Christ, recevra les choses spirituelles » - dit St. Jérôme.[6]
Les saints dans le ciel sont autour de Dieu pour Le louer. Ils reflètent dans leur vie la gloire éternelle de Dieu. De même ici sur terre dans l'Église, les croyants comme les saints tournent vers Dieu leur regard le glorifiant. Les saints restent des exemples tangibles de vie spirituelle porteurs de valeurs salvatrices.
†SG Mgr Ioan Casian
[1] St. Jean Chrysostome. Sur l’Épître aux Hébreux 28.4 en Thomas C. Oden (ed.) Commentaires chrétiennes antiques sur la Sainte Écriture (Nouveau Testament X / Hébreux). Ed. InterVarsity Press: Downers Grove, Illinois SUA, p 210 col.1
[2] Anonymus. Œuvre incomplète sur Mathieu, Homélie 25 en Thomas C. Oden (ed.) Commentaires chrétiennes antiques sur la Sainte Écriture (Nouveau Testament Ia / Mathieu 1-13) …, p 209-210 col.2/1
[3] St. Jean Chrysostome. Sur l’Épître aux Hébreux 28.4 en Thomas C. Oden (ed.) Commentaires chrétiennes antiques sur la Sainte Écriture (Nouveau Testament Ia / Mathieu 1-13) …, p 212 col.1
[4] Anonymus. Œuvre incomplète sur Mathieu, Homélie 26 en Thomas C. Oden (ed.) Commentaires chrétiennes antiques sur la Sainte Écriture (Nouveau Testament Ia / Mathieu 1-13) …, p 212 col.2
[5] Œuvre incomplète sur Mathieu, Homélie 33 en Thomas C. Oden (ed.) Commentaires chrétiennes antiques sur la Sainte Écriture (Nouveau Testament Ib / Mathieu 14-28) …, p 104 col.2
[6] St. Jérôme. Commentaire sur Matthieu 3.19.30 en Thomas C. Oden (ed.) Commentaires chrétiennes antiques sur la Sainte Écriture (Nouveau Testament Ib / Mathieu 14-28) …, p 105 col.1