Ce grand saint père est né 365 en Dobroudja, alors appelée Scythie Mineur, dans un lieu qui garde depuis les temps anciens jusqu'à aujourd’hui le nom de Plateau Cassien et la grotte de Casian. La ville Casimcea dans le comté de Tulcea porte également son nom. Venant d'une famille distinguée, il a fréquenté les écoles de son temps. Mais animé d'une soif ardente de perfection spirituelle, il abandonne depuis sa jeunesse les attractions vaines et trompeuses de la vie mondaine et se rend dans les Lieux Saints accompagné de son ami Germain, frère non pas par naissance, mais par esprit. C'est ainsi que les deux moines sont venus dans un monastère à Bethléem. S'établissant dans la tradition monastique selon le modèle de vie des moines de Palestine, de Mésopotamie et de Cappadoce, et dans leur désir de plus grande perfection, ils décidèrent de partir visiter les lieux du monachisme anachorétique de l'Égypte, en vue de progresser dans leur vie spirituelle. C'est ainsi qu'ils se sont rendus dans les communautés du delta du Nil, puis se sont enfoncés dans les zones plus désertes. Mais partout où ils allaient, ils cherchaient avec zèle les saints, afin qu'ils puissent honorer l'éclat de la grâce et la richesse de leurs fruits, et leur demander des conseils spirituels pour le salut de l'âme. Ces questions et les réponses nous seront laissées comme un saint héritage dans les Conférences, dont Jean Cassien a doté l'Église.
Acquérant ce qu'ils pouvaient rassembler de leur doctrine céleste, selon le conseil de Abbé Joseph, ils restèrent en Égypte sept ans, puis passèrent de temps en temps à demander conseils à ces pères spirituels dans le cadre de leur lutte spirituelle jusqu'à leur arrivée dans le célèbre désert de Skete, que St. Macaire avait fondé et qu’il l’avait rendu brillant et digne d'être célébré par tous. Ici, il un grand nombre de moines vivait dans une ascèse sévère, parmi lesquels se trouvaient les abbés Moïse, Sérapion, Téona, Isaac et le prêtre Pafnutius, leur maître.
Sept ans plus tard, Jean Cassien et Germain sont rentrés à Bethléem, où ils avaient reçu de leur père spirituel la bénédiction de vivre dans la solitude. Et ainsi ils sont partis avec zèle et se sont dépêchés vers l’Egypte. Mais avec tous leurs désirs, ils ne pouvaient pas retrouver le silence de la contemplation à cause des accusations injustes formulées contre les moines d'Egypte par l'archevêque Théophile d'Alexandrie. Puis Jean Cassien et Germain, à la suite d'un groupe de 50 moines, résolurent de rechercher le calme à Constantinople, sous la protection du St. Jean Chrysostome. Cela se passait dans les années 401. Dès qu'il les a vu, le grand patriarche, voyant la qualité de leurs âmes, a réussi à persuader Germain de recevoir le sacerdoce par ses mains et Jean Cassien de devenir diacre. Voyant la pureté et la sainteté de St. Jean Chrysostome et la puissance de sa parole, Jean Cassien s'assit avec un zèle chaleureux sous sa direction spirituelle et consentit à sacrifier le désert pour tirer profit par une vie menée proche d’un tel maître.
Mais sous peu St. Jean Chrysostome, victime de Théophile, a été envoyée en exil, et Jean Cassien et Germain ont été envoyés à Rome par le clergé et le peuple, accompagnant l’évêque Palade pour faire connaître à l'évêque de Rome, Innocent Ier, par une lettre, les souffrances de St. Jean Chrysostome. St. Jean Cassien a passé dix ans à Rome et a été ordonné prêtre durant cette période. De là, il s’est rendu à Marseille, dans le sud de la Gaule, où il a fondé, pour les hommes, le monastère de Saint-Victor, sur la tombe d’un martyr du troisième siècle et pour les femmes, le monastère du Sauveur, en l'an 415. Homme très éprouvé dans la vie ascétique, et en même temps père spirituelle d’une grande sagesse pastorale, il offrait à la multitude de moines qui s'étaient rassemblés autour de lui la véritable tradition monastique qu'il avait reçue des Pères de l'Orient, en tenant compte des conditions de vie en Gaule, du climat et de la nature des habitants.
À la demande de St. Castor, évêque d'Apt, il écrit son ouvrage Institutions cénobitiques (les règles de la vie monastique en communauté) pour les monastères qu'il a fondés en Provence. Dans cet ouvrage, il décrit le mode de vie des moines en Égypte, mais avec une certaine adaptation de ce qui était trop dur pour les moines en Gaule, en suivant ici aussi la manière ascétique de vivre spécifique en Palestine, en Cappadoce, en Mésopotamie.
Il compléta plus tard cet enseignement spirituel par les Conférences dans lesquelles il décrit, à la demande des ermites qui vivaient à Lérins et dans les îles Hâeres près de Marseille, les étapes les plus élevées de la lutte pour la purification du cœur en vue de la contemplation, en utilisant les enseignements des grands anachorètes qu’il avait rencontré en Egypte. St. Jean Cassien a ainsi doté, dès ses débuts, le monachisme de Gaule d'un enseignement spirituel complet, inspiré par les Pères du désert.
Disciple fidèle des grands docteurs Cappadociens Basile le Grand, Grégoire le Théologien et Grégoire de Nissa, ainsi que St. Jean Chrysostome, St. Jean Cassien s'est alors élevé contre une séparation profonde entre la nature humaine et la grâce divine, promu par Augustin, luttant contre la doctrine de Pelage.
En face de ces oppositions qui allaient durer, Jean Cassien resta inébranlable dans la vraie foi de l'Église, loin du bruit et des disputes, enseignant avec la profondeur de la contemplation divine, le mystère d'une paix douce et indicible et d’une silence sereine. Il a confié son âme à Dieu en paix en 435. Considéré comme un saint par son époque, il est honoré par tous les moines de l'Église occidentale en tant que Père et l'un des plus grands maîtres. Ses reliques saintes sont conservées à ce jour au monastère Saint-Victor de Marseille.
(extraits de la Vie des Saints/ doxologia.ro)