« Mais une seule est nécessaire.
Marie a choisi la bonne part, elle ne lui sera pas enlevée. »
(Luc 10, 42)
« Il répondit:
Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent. »
(Luc 11, 28)
La Mère de Dieu - exemple d'obéissance
qui porte des fruits pour la vie éternelle
Au début de chaque année ecclésiale, nous avons l'occasion de nous souvenir et de célébrer la Mère de Dieu. Le 8 septembre, nous célébrons la fête dédiée à la Nativité de la Mère de Dieu.
Pourquoi cette célébration est-elle importante au début de la nouvelle année ecclésiale ?
L’année ecclésiale est un pèlerinage spirituel pour toute l’Église, pour chacun de nous chrétiens. Un des versets de l'Évangile de St. Luc lit à cette occasion dit: Marie, la sœur de Marthe, celle qui a choisi d'écouter la parole du Christ Sauveur plutôt que de s'occuper des choses matérielles, est l'image de la Mère de Dieu, c'est-à-dire de l'obéissance à Dieu qui apporte des fruits spirituels.
Si notre histoire humaine est marquée par le péché et la désobéissance à la parole de Dieu des premières personnes créés - Adam et Ève[1] - avec les conséquences qui ont suivi[2] et que nous voyons encore aujourd'hui - conflits, passions, méchanceté, envie, mensonges, orgueil, etc., ici, au début de l'année, l'Église nous présente l'exemple de la Mère de Dieu celle qui par la suite a donné naissance au Fils de Dieu, notre Sauveur Jésus-Christ.
La naissance de la Mère de Dieu est le résultat de l'œuvre merveilleuse de Dieu et de la foi de Saints Joachim et Anne. Cela nous montre la nécessité d’avoir foi en Dieu tout au long de notre vie, mais surtout dans les moments de difficultés et de doute. En même temps, la péricope lue attire notre attention sur l'une des vertus particulières de la Mère de Dieu, qui était l'obéissance. Grâce à sa parfaite obéissance à l'annonce de la conception du Fils de Dieu dans son sein, la malédiction de la désobéissance a été déliée et la mort a été brisée par le don de la vie éternelle.[3]
La Mère de Dieu a été obéissante non seulement au moment de l'annonce de l'archange Gabriel, mais tout au long de sa vie. Elle est l’image de notre obéissance. L'Église nous la présente comme l'incarnation du modèle parfait d'obéissance à Dieu le Père qui est Fils de Dieu. Il est devenu obéissant jusqu'à la mort et jusqu'à la mort sur la croix.[4] Ceci, ajouté à Sa résurrection d’entre les morts, nous a donné la possibilité de la vie éternelle.
L'obéissance à la Mère de Dieu est le précurseur de ce grand don de la vie éternelle. Sans sa contribution, sans l'accomplissement de la parole de Dieu dans sa vie, rien de tout cela n'aurait été possible. Son obéissance a aboli la désobéissance d'Adam et Ève au paradis. De cette manière, l'œuvre de Dieu s'accomplit et la liberté de choix de l'homme reste intacte. L’homme passionné et pécheur voit une antinomie entre liberté et obéissance. Dans la vraie vie, dans la vie spirituelle, celui qui la pratique voit et comprend qu'il n'y a pas de contradiction entre la liberté humaine et l'obéissance à la parole de Dieu. Cette dernière, si elle se réalise, apporte à l’homme une véritable liberté, lui fait comprendre comment les deux peuvent coexister dans sa vie. L’homme comprend que pour avoir une vie épanouie et parfaite, il a besoin de la présence des deux simultanément dans sa vie.
De plus, à partir de la péricope que nous avons lu, nous comprenons que dans l'Église, les vraies relations entre les personnes doivent être reconstruites à partir de l'écoute de la Parole de Dieu, car ceux qui vivent ainsi sont bénis par Dieu.[5] Sans cette unité ou fondement de l'obéissance à la parole de Dieu, notre société, nos relations humaines, seront bâties sur des principes ou des intérêts privés et égoïstes, sur des opinions et des points de vue contradictoires qui entraîneront des tensions, du désordre, des conflits internes, des jalousies cachées, des désirs de domination, d'idées de soi irréelles, voire fausses, etc. Écouter la parole de Dieu, lui obéir, ramène à l'unité toute la compréhension, la vie et l'existence de notre nature humaine et du monde. Nous et le monde avons besoin de cohérence, d’harmonie et d’unité dans ce que nous faisons et sommes. Le monde est la création de Dieu et l'homme est Son image et Sa ressemblance. C'est pourquoi nous avons besoin de foi et d'obéissance car elles nous rappellent et nous font toujours prendre conscience de cette réalité selon laquelle nous devons œuvrer. Sans les deux, ce travail ne peut être accompli selon le plan du Créateur.
L'Église nous offre un chemin par lequel nous pouvons acquérir tout cela. Elle nous offre les moyens de la grâce - la Sainte Liturgie, les Saints Mystères, les prières de l'Église, les bénédictions, l'ascétisme, etc. - qui rendent possible la rédemption et la restauration de l'homme, sa transfiguration comme le Fils de Dieu sur le Mont Thabor. Elle nous donne l'exemple de saints qui ont vécu dans l'Église à travers les temps. L'Église est une véritable abîme de richesse infinie car elle a la source de son œuvre dans le souffle du Saint-Esprit à travers lequel nous ressentons la présence et l'inspiration de la Sainte Trinité.
C'est la vraie vie que l'Église nous propose à travers l'œuvre directe de Dieu. L'Église est la médiatrice de cette grande bénédiction qu'est la restauration de notre vraie vie. Et la Mère de Dieu est celle qui, par une parfaite obéissance à la parole de Dieu, a été la précurseur et la préparatrice de cette œuvre.
Soyons donc reconnaissants envers Dieu et élevons des prières à la Mère de Dieu au début de cette année ecclésiale afin que nous puissions suivre le chemin de l'obéissance à la parole de Dieu, un chemin qui nous fera grandir spirituellement de l'image à la ressemblance de Dieu qui signifie l'accomplissement de notre vocation de créatures faites par Lui.
† Ioan Casian
L'évêque orthodoxe roumain du Canada
_________
[1] Genèse 3, 6-7
[2] Genèse 3, 16-24
[3] Ta nativité, Vierge Mère de Dieu, a annoncé la joie à tout l’univers, car de toi s’est levé le Soleil de Justice, le Christ notre Dieu, qui, en détruisant la malédiction, nous a donné la bénédiction ; en abolissant la mort, Il nous a donné la vie éternelle. (tropaire de la Nativité de la Mère de Dieu)
[4] Philippiens 2, 8
[5] Luc 11, 28